Média_Billet_5 L'histoire d'André

L'histoire d'André

André travaillait dans la fonction publique. Il avait enfoui au fond de lui son rêve d’enfant : devenir restaurateur, comme son oncle. Durant les vacances d’été, alors qu’il était étudiant, il travaillait chez lui. Cet homme le fascinait mais ce qui le touchait le plus, c’était l’enthousiasme qu’il voyait dans ses yeux. Heureux d’aller travailler, contrairement à son père, heureux de se lever si tôt parce que, comme il l’exprimait, ce métier avait du sens pour lui, il vendait du bonheur pour les papilles ! Il créait toujours de nouvelles saveurs, il jouait avec les couleurs, associaient légumes et fleurs… une créativité au quotidien.
Qu’est-ce qui fait qu’il n’a pas pris ce chemin ? Beaucoup de jeunes tentent de s’en sortir, noyés au beau milieu des croyances assénées par les adultes. André a écouté la voix de la raison et a fait taire celle du désir.
Après ses études, alliant gestion, cuisine et service, il a finalement intégré le service de restauration d’une grande ville de France. Il y a trouvé son compte, jusqu’à ce qu’un burn-out l’attrape.  Les plats sous-vides livrés par une entreprise répondant à toutes les normes désormais exigées ont eu raison de la faible marge laissée à sa créativité. Il avait quarante ans.  Il s’est alors dit : c’est maintenant ou jamais, je crée un restaurant, je crée mon restaurant.
Il a suivi des stages pour approfondir ses connaissances professionnelles, il a monté son projet et un jour, il a reçu ses premiers clients. Son rêve se réalisait.
Certes c’est un métier difficile mais il est devenu son propre patron. Les horaires de travail avaient doublé pour lui mais il ne les sentait pas. Il disait savoir pour qui et pourquoi il travaillait. Motivé comme jamais, il semblait avoir hérité du savoir-faire de son oncle. Il se sentait indépendant, enfin autonome, n’ayant de comptes à rendre qu’à sa conscience.
Cela a fonctionné une petite décennie. Réputé pour ses plats finement préparés, il s’est construit une clientèle fidèle. Depuis quelques années, les contraintes administratives lui semblaient de plus en plus lourdes, les normes en tout genre se multipliaient, ce qui nécessitait des investissements dont il se serait largement passé, mais il s’en faisait une raison… Il cherchait des arguments qui lui permettait de calmer certaines de ses incompréhensions. Il lui arrivait parfois de dire qu’il se sentait de moins en moins libre… Mais ça passait. Sa passion prenait encore le dessus sur les obligations.
Puis un jour, une petite bestiole invisible a traversé les frontières.
Quasiment du jour au lendemain, il a été sommé de fermer son resto. Il s’est retrouvé les bras ballants, son stock devenu inutile et pour combien de temps ? Mystère.
Il en a profité pour faire quelques travaux. Il s’est occupé de mettre à jour ce qui pouvait rester en suspens. Il a pris quelques vacances, sans pour autant se déplacer, mais être chez lui sans rien faire constitue bien des congés pour lui. Son fonds de trésorerie a commencé à fondre. Il a débloqué ses provisions et bon an mal an, le temps est passé.
Sont sorties alors de nouvelles obligations pour pouvoir rouvrir son lieu. Il a couru les fournisseurs pour se procurer ce qui désormais serait incontournable : plexi, gel… plus les exigences à transmettre à son personnel, sla uppression d’une table sur trois, x pages de nouvelles normes annoncées comme temporaires.
Il a pu relancer sa cuisine, le moral un peu en berne mais pas trop… Tout cela lui a coûté cher, il se sert la ceinture et y croit.
Puis, une fois cette nouvelle façon d’être et de faire rôdée, l’ordre de la fermeture des restaurants et des bistrots a de nouveau frappé. Le rideau est tombé et son moral avec.
Aujourd’hui, il a contracté un emprunt d’état, ne pouvant plus assumer les charges qu’il a à supporter. Puis chaque mois, il se rue sur le site des impôts, remplit les critères qui lui permettent de vivre grâce à quoi… aux subsides de l’État ! Par chemins détournés, lui qui rêvait d’indépendance, d’autonomie, se retrouve dépendant de ce que l’administration peut lui verser.
Fonctionnaire ? Non… Assisté, oui. Et cela le rassure un peu aprèq qu’il ait pris son Lexomil.
Aurait-il pu imaginer cette situation ubuesque ? Quel paradoxe pour ne pas dire quel cauchemar…
Jusqu’à quand restera-t-il cette fois encore dépendant de ce qu’on  veut bien lui donner en contrepartie de cette interdiction d’exercer ? Il se rend presque chaque jour dans ce lieu où il a vécu son rêve. Aujourd’hui, il vit un cauchemar et il pleure…


ANNE WEYER 

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